Attachement et relations affectives
C’est John BOWLBY, psychanalyste anglais qui plante le décor en théorisant les 1ers liens affectifs du bébé et de sa figure d’attachement (à cette époque, la mère) L’observation se déroule dans un orphelinat post guerre en Angleterre. Nous sommes dans les années post 2e guerre mondiale
Pour Bowlby, l’attachement correspond au besoin inné et indispensable de chacun, d’être en contact avec autrui.
La figure d’attachement et la qualité du lien qu’elle peut proposer, (la mère à cette époque) permet la création de modèles relationnels internes, devenant le prototype de toutes relations ultérieures
(Nous lisons souvent Modèle Opérationnel Interne= MIO, en langage plus académique)
C’est-à-dire, que la figure d’attachement principale grâce à l’accordage émotionnel, sa disponibilité physique et psychique, sa fiabilité, apporte au bébé, une base de sécurité affective sur laquelle il s’appuiera. Ses relations humaines futures seront colorées de ces premières expériences affectives.
Les conférences assez connues de BOWLBY sont retranscrites dans des petits livres de poches, à l’intérieur desquelles, nous pouvons retrouver sa théorie de l’attachement ainsi que la description de l’état psychique tout petit enfant confronté aux problématiques de deuil, de violence etc.. Incontournable selon moi !
M.Ainsworth s’inspirant des travaux de Bowlby, expérimente sa strange-situaton où elle place en condition de solitude de très jeunes enfants et observe leurs réactions au départ et au retour de la mère.
Cette dernière va distinguer 3 styles d’attachement à l’issue de cette expérience assez connue en psychologue de l’enfant :
Les sécures, les insécures ambivalents ou évitants (je vous laisse découvrir la strange situation, qui est assez connue)
Ce modèle relationnel acquis à travers nos premières expériences affectives, conditionne donc, nos futures relations, un peu à l’image d’une empreinte, d’une représentation cognitive, émotionnelle, et comportementale. Nous rencontrons alors, en cabinet, un certain nombre de patients qui viennent parler de leur couple, de leurs difficultés à être heureux en amour, ou de leurs défaites face à leur partenaire amoureux.
Alors, que viennent nous signifier ces échecs répétitifs dans les relations intimes ?
Types d'attachement et relations affectives
- Attachement de type Sécure : C’est un adulte à la bonne régulation émotionnelle, acquise dans l’enfance. Son attachement est assuré dans le rapport à l’autre qu’il considère fiable. Sa valeur personnelle est solide et lui permet une assurance dans l’image que les autres ont de lui-même. Cette base de sécurité lui autorise des relations de qualité, d’exploration de la vie sociale, et de l’autonomie.
- Attachement de type Insécure : La personne est mal assurée dans son rapport à l’autre. Il n’est pas convaincu de la disponibilité et de la fiabilité de son partenaire. Ses relations interpersonnelles sont teintées et sources d’anxiété. La vision qu’il a de lui-même amène de la mésestime, si bien qu’il doute sans cesse de la valeur que son ou sa partenaire lui accorde. Il peut vivre des relations conflictuelles, et de nombreuses ruptures. Pour apporter une précision : 2 catégories d’insécures existent, les ambivalents et les anxieux
- Attachement de type désorganisé ( style appréhendé plus tardivement par Main et Solomon à partir de la strange situation en 1990) : La personne qui en est atteinte se retrouve toujours dans une ambivalence très marquée. Elle ressent de l’attirance envers son ou sa partenaire mais peut le rejetter. Elle peut adopter des comportements agressifs quand elle rencontre une difficulté dans son couple, sa gestion émotionnelle est déficiente. Elle peut s’inscrire dans des comportements sociaux inadaptés. Son rapport à l’autre est lourdement marqué par la méfiance, l’impulsivité, et l’anxiété. Ce style affectif se construit régulièrement au sein de famille dysfonctionnelle où s’inscrit la violence, l’alcoolisme…
Voici déployé ci-dessus de façon générique les styles d’attachement adultes. Tout n’est pas perdu quand l’enfant que nous avons été n’a pas pu bénéficier de l’assisse affective qui lui était dûe !
La première raison est que l’apprentissage de nouvelles relations peut faire son œuvre. En effet, en rencontrant de nouvelles personnes hors de son cercle familial, l’adulte expérimente d’autres relations sociales plus positives (amis et partenaires amoureux). L’expérimentation de ces nouveaux modèles affectifs permet d’observer une nouvelle modélisation qui permettra des relations affectives plus sereines.
La deuxième raison est que ces troubles de l’attachement peuvent être correctement pris en charge par la thérapie des schémas.
Schéma Abandon et Schéma Carence : Des troubles de l’attachement
On retrouve ces deux types de troubles dans le domaine séparation et rejet en Thérapie des schémas.
L’un, le schéma d’Abandon est lié à la conviction absolue que les personnes de l’entourage vont l’abandonner. Cette peur géante de l’Abandon est une obsession chez le sujet et l’ensemble des interactions humaines sont vécues sous cette grille de lecture. La crainte principale est la déconnection, l’instabilité, le manque de fiabilité. Le schéma d’Abandon, se créer en interaction avec la perte d’un parent, un divorce, l’instabilité parentale..
Les conditions de l’attachement sécure ne sont pas réunies.
- Vous réagissez excessivement aux paroles et actes de votre partenaire, car vous les interprétez comme un souhait de rupture
- Vous êtes possessif et très jaloux
- Vous ne supportez pas les séparations même très courtes
- Quand je sens que quelqu’un à qui je tiens s’éloigne de moi, je deviens désespéré.
Le schéma Carence se rattache à la qualité de la relation : le contact chaleureux, l’existence dans le regard de l’autre, le soutien et la guidance ont fait défaut dans l’enfance. La famille a pu être stable mais les échanges étaient froids, sans engagement.
- Ces adultes là peuvent par contre attaque être dans des revendications excessives envers leur partenaire
- Fuir les relations amoureuses ou les vivre de courte durée
- Etre convaincu que l’entourage ne pourra jamais apporter la chaleur et l’attention souhaitées
- Le sujet choisit souvent des proches froids, distants, et égocentriques et qui par conséquent peuvent les frustrer sur le plan affectif.
Il est intéressant de constater que notre style d’attachement (même si des évolutions sont possibles) nous traque tout au long de la vie
Si les mêmes échecs se répètent dans vos vies affectives, que le sentiment de déprime est toujours là, et que la frustration de vos besoins fondamentaux demeure. Le meilleur conseil même si il peut s’avérer difficile à suivre, reste de revisiter ses premières relations affectives en psychothérapie, pour en saisir la portée dans la vie au quotidien, avec nos proches.